TUNISIE-Système politique : Les jeunes de plus en plus distants !

  • 21 décembre 2022 / Actualité / 307 / Zakaria Asri


TUNISIE-Système politique : Les jeunes de plus en plus distants !
Les élections législatives anticipées n’ont pas fait exception. Pire encore, elles ont renforcé le constat et confirmé cette tendance qui met à mal toute la vie politique et démocratique. Mais ce sont surtout les jeunes qui manifestent un désintérêt de plus en plus grandissant pour la politique.

Les élections législatives anticipées ont marqué, selon l’opposition politique, un échec cuisant, notamment au niveau de la participation. Ce scrutin renforce le constat selon lequel les Tunisiens, coincés au cœur d’une crise sociale, s’éloignent peu à peu de la vie politique.

En effet, ces élections n’ont pas fait l’exception, pire encore, elles ont renforcé le constat et confirmé cette tendance qui met à mal toute la vie politique et démocratique. Mais ce sont surtout les jeunes qui manifestent ce désintérêt à la chose politique de plus en plus grandissant.

Selon les estimations présentées par l’Instance électorale, en attendant les données définitives à l’issue du premier tour du vote pour les élections législatives, ce sont surtout les jeunes et les femmes qui ont boycotté, ou du moins qui se sont abstenus de voter et chez lesquels on note des abstentions respectivement de 96.2 et 94.7%. Un record !

Ces données ne devraient pas passer inaperçues dans la mesure où l’importance des jeunes dans la construction démocratique et dans les réformes s’avère primordiale. Sauf que de nos jours, ils sont de plus en plus distants de cette vie politique qui ne les intéresse plus à la lumière du rendement de notre élite politique.

Bien que pratiquement tous les partis politiques affirment parler au nom des jeunes, rares sont les formations politiques qui les impliquent concrètement. Dans le paysage médiatique, on remarque, d’ailleurs, que ce sont les mêmes figures politiques qui occupent les tribunes médiatiques pour exprimer les visions de leurs partis. Or, ces jeunes activistes sont exclus des cercles de prise de décision, même à l’échelle de l’Etat, dont certains choix ont marqué une rupture totale avec la jeunesse tunisienne.

Quoi qu’il en soit, cela démontre un sentiment d’aliénation envers le système politique. Ces jeunes ne se voient plus représentés dans les décisions stratégiques de ce système politique. A cela s’ajoutent certainement les environnements de précarité dans lesquels ils évoluent souvent.

On espérait mieux !

Les jeunes Tunisiens ne diffèrent en rien des autres jeunes du monde par rapport à leur réticence avérée à la vie publique; leur boycott de la vie politique n’est pas chose nouvelle, il remonte plutôt à une période antérieure à la révolution du 14 janvier 2011. Sauf qu’après la révolution, nous avons assisté à des formes d’engagement politique de la part des jeunes qui trouvent leurs origines dans les fameux sit-in de La Kasbah.

Progressivement, cette flamme commence à s’éteindre et les jeunes se retrouvent en dehors de la scène politique. Avec l’émergence de Kaïs Saïed sur la scène politique en tant que candidat à l’élection présidentielle, une partie de la jeunesse tunisienne a repris confiance et semblait enthousiaste au sujet de sa candidature, se ralliant à son équipe durant toutes les étapes du processus électoral et menant activement pour son compte une campagne sans précédent avec des moyens plus que modestes.

Leurs mouvements réprimés, leurs voix étouffées, certains d’entre eux ont basculé dans la délinquance et c’est ce qui explique aussi l’explosion du phénomène de migration clandestine. Si la criminalité ne peut en aucun cas être tolérée, il faut dire que toute la conjoncture sociale et économique explique ces comportements observés, notamment chez nos jeunes tunisiens.

Les femmes aussi !

Ce désenchantement à l’égard de la vie politique frappe aussi de plein fouet les femmes tunisiennes. On se rappelle tous en 2014 lorsqu’elles ont été décisives dans l’ascension du parti Nida Tounès et de feu Béji Caïd Essebsi, aujourd’hui leur engagement politique a considérablement régressé.

Si le leadership des femmes et leur participation à la vie politique sont partout dans le monde menacés, en Tunisie il s’agit d’un cas particulier, dans la mesure où les femmes avaient accompagné toutes les étapes historiques du pays depuis l’indépendance et même avant. Les femmes sont sous-représentées aussi bien comme électrices que dans les fonctions dirigeantes. Et ceci malgré leurs compétences maintes fois démontrées, en tant que leaders et agents du changement, et en dépit de leur droit de participer en toute égalité à la gouvernance démocratique.


source: lapresse.tn

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