TUNISIE-Mobilité électrique et infrastructure: Pourquoi ça traîne ?

  • 27 décembre 2022 / Actualité / 383 / Zakaria Asri


TUNISIE-Mobilité électrique et infrastructure:  Pourquoi ça traîne ?

En Tunisie, le secteur du transport est le plus énergivore puisqu’il inclut les besoins énergétiques de tout le parc automobile de plus en plus vieillissant. Cela n’est pas sans conséquence sur les coûts de subvention et notamment sur le déficit énergétique qui ne cesse de s’aggraver bien que la Tunisie ait tous les avantages pour promouvoir les énergies renouvelables.

Au vu de la lourde facture énergétique, le monde entier mise sur la mobilité électrique, un secteur en pleine expansion, notamment en Europe, où les différents pays s’engagent à mettre fin d’ici à quelques années aux moteurs à combustion. Néanmoins, en Tunisie, ce secteur est à la traîne. Il suffit de rappeler que les bornes de rechargement des voitures électriques sont assez rares et que les véhicules électriques eux-mêmes ne sont pas nombreux sur nos routes. Un triste constat si on rappelle que le déficit énergétique tourne actuellement autour de 53%. Ce qui signifie que 53% de la quantité d’énergie actuellement consommée, qu’elle soit issue du gaz ou des produits pétroliers, est importée. En effet, bien que l’Etat ait pris plusieurs décisions et mesures pour encourager le secteur de la mobilité électrique, la Tunisie est toujours à la traîne par rapport à d’autres pays voisins. Ce triste constat est notamment illustré par un chiffre qui résume la situation : seulement 50 voitures ont été commercialisées jusque-là en 2022. C’est le président de la Chambre des concessionnaires automobiles, Ibrahim Dabbech, qui confirme cette information, affirmant qu’en effet, la demande de voitures électriques en Tunisie est encore très faible par rapport à d’autres pays, considérant que l’absence de bornes de recharge et d’équipement constitue un obstacle au développement des ventes et à la mise en œuvre du plan d’objectifs pour l’année 2025.

Une question d’infrastructure

Au fait, pour pouvoir développer ce secteur, les concessionnaires appellent surtout à promouvoir l’infrastructure, notamment en ce qui concerne la disponibilité des bornes électriques. En l’absence de chiffres officiels, on estime que le nombre de ces bornes de recharge ne dépasse pas une trentaine dont la plupart se trouvent dans le Grand Tunis. Il y a un mois, le PDG d’Agil, Khaled Bettin, a annoncé l’installation de bornes de recharge électriques dans les stations Agil d’ici à 2023. Pour lui, cette décision s’impose d’autant plus que les voitures électriques sont devenues assez nombreuses dans notre pays.

Il a également indiqué qu’au niveau interne, la compagnie s’oriente vers les énergies vertes en misant surtout sur le photovoltaïque. En 2020, la Société nationale de distribution des pétroles (Agil) et la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg) ont signé un mémorandum d’entente visant à installer des bornes de recharge pour voitures électriques. Mais depuis, les choses n’ont pas évolué et cette infrastructure manque toujours à l’appel.

Qu’a fait l’Etat ?

Ce que réclament également les concessionnaires, mais aussi les citoyens, pour développer davantage la commercialisation de ce type de voitures n’est autre que les avantages fiscaux. Les droits de douane sur les équipements de recharge des véhicules électriques ont été réduits à 10 % alors que la taxe sur la valeur ajoutée a été ramenée à 7%, et ce du 1er janvier au 31 décembre 2023, selon l’article 24 de la loi de finances 2023, publiée le 23 décembre dernier au Jort.

L’objectif étant de favoriser l’utilisation des voitures roulant aux énergies alternatives, de promouvoir l’économie verte et d’accélérer le développement du secteur du transport électrique en Tunisie. Aussi, d’après la loi de finances 2022, les voitures 100% électriques ont été totalement exonérées des droits de douane. Quant aux voitures hybrides, elles bénéficient d’un abattement de 50% sur les droits de consommation au lieu des 30% prévus. Il faut rappeler que la stratégie nationale en matière de mobilité électrique vise le déploiement de 50.000 véhicules électriques d’ici à 2025, et de 130.000 d’ici à 2030.

Cela permettrait, selon les projections, d’éviter 2,2 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e) d’émissions de gaz à effet de serre. Cette stratégie permettrait également d’entraîner une baisse de la consommation de pétrole de 5,9 millions de barils d’ici à 2030, soit une réduction des importations de combustibles fossiles de 660 millions de dollars sur la période 2020-2030», selon ce document du ministère de l’Environnement intitulé «Les arguments économiques en faveur de l’atténuation en Tunisie : études de cas dans les secteurs du transport, de l’industrie et des déchets».


source: lapresse.tn

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