MAROC - Risques systémiques : le point des autorités financières sur la situation en 2022



MAROC - Risques systémiques : le point des autorités financières sur la situation en 2022

Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques, composé des représentants de Bank Al-Maghrib, de l’AMMC, de l’ACAPS et de la Direction du Trésor et des finances extérieures, a tenu, jeudi 22 décembre 2022, sa 16e séance au siège de Bank Al-Maghrib (BAM) à Rabat.


Il a analysé la cartographie des risques systémiques pesant sur le système financier national, dans un contexte encore entouré de fortes incertitudes, lit-on dans le communiqué publié à l’issue de la réunion.


A ce titre, il a passé en revue l’évolution des indicateurs de suivi, qui continuent de montrer une solidité et une résilience du secteur financier marocain.


Au regard des tendances économiques et financières, observées et attendues, le Comité a relevé ce qui suit.


"L’évolution des conditions macroéconomiques ne fait pas ressortir jusqu’ici de risques majeurs pouvant menacer la stabilité financière", rassure le comité. Les vulnérabilités découlant de l’environnement externe et interne (répercussions de la guerre en Ukraine, sécheresse, séquelles de la pandémie, pressions inflationnistes…) appellent à la vigilance et continuent de faire l’objet d’une surveillance rapprochée, poursuit-il.


Les banques marocaines résilientes face aux scénarios de chocs

En dépit d’un contexte difficile, le crédit bancaire destiné au secteur non financier devrait s’accélérer à 5,1% en 2022, tiré principalement par les facilités de trésorerie accordées aux entreprises privées. Il devrait revenir à 3,3% en 2023 avant de se redresser à 5,5% en 2024. Le taux des créances en souffrance s’est stabilisé à 8,7% pour un taux de provisionnement de 67% à fin octobre 2022.


Le secteur bancaire a enregistré, au terme du 1er semestre 2022, une bonne tenue des résultats d’intermédiation et un repli du coût du risque. La hausse des taux d’intérêt a néanmoins impacté les résultats sur activités de marché, induisant une baisse de 7,5% du résultat cumulé des banques.


"Le secteur bancaire est solide avec des ratios moyens de solvabilité et de fonds propres de catégorie 1, se situant sur base individuelle à 15,3% et 11,8% respectivement pour des minimas réglementaires de 12% et 9%. Sur base consolidée, ces ratios s’établissent à 13,3% et 10,8%. Les banques disposent de coussins de liquidité supérieurs au minima réglementaire", ajoute le communiqué.


L’exercice de macro stress test, réalisé par Bank Al-Maghrib sur la base des projections économiques de décembre 2022, continue de montrer, à cette date, la résilience des banques face aux scénarios de chocs simulant une forte détérioration des conditions économiques.


Assurances : croissance du résultat net à fin juin 2022

Pour sa part, le secteur des assurances a maintenu, au terme des trois premiers trimestres de cette année, un bon rythme de croissance de l’ordre de 7,7% par rapport à la même période de l’année précédente, pour atteindre 42,4 milliards de dirhams. Cette évolution a été portée aussi bien par la branche vie (+9,5%) que la branche non-vie (+6,1%) durant la même période.


Sur le plan financier, les placements des entreprises d’assurances ont augmenté de 3% depuis le début de l’année pour s’établir à 216,7 milliards de dirhams à fin septembre. Toutefois, les plus-values latentes se sont repliées de 40,6% pour se situer à 19,3 milliards de dirhams, en raison notamment de la baisse du marché boursier et de la hausse des taux du marché secondaire.


En matière de rentabilité, le résultat net a enregistré à fin juin une amélioration de l’ordre de 11,3% en glissement annuel. Concernant la solvabilité, le secteur continue de dégager une marge moyenne de plus de trois fois le minimum réglementaire requis.


Retraites : situation financière difficile

Concernant le secteur de la retraite, les principaux régimes de base connaissent une situation financière difficile, marquée globalement par l’importance de leurs dettes implicites et par l’épuisement de leurs réserves à divers horizons, explique le communiqué.


La réforme systémique de la retraite devrait permettre d’instaurer une tarification équilibrée, mais également de résorber, dans des proportions importantes, les engagements passés non couverts, et partant de rétablir les

équilibres financiers dans le futur, rassure la même source.


Bourse : baisse de la valorisation, volume d’émission stable

A la Bourse de Casablanca, l’indice MASI enregistre au 9 décembre 2022 une baisse de 15,73% par rapport au début de l’année, contre une hausse de 18,35% enregistrée en 2021. La volatilité moyenne ressort en repli à 9,4% contre 10,8% au premier semestre 2022.


Dans ce contexte, la valorisation globale de la Bourse est en baisse sensible à 17,2x, contre 19,8x en moyenne pour les cinq années d’avant crise Covid-19. Le volume d’émission sur le marché boursier à mi-décembre 2022 est quasiment stable en glissement annuel, avec un volume de 2,35 milliards de dirhams.


Le ratio de liquidité du marché boursier à fin novembre ressort à 8,51%, en recul de 13,2% en glissement annuel.


Au niveau du marché obligataire, les taux ont emprunté en 2022 une trajectoire haussière, en particulier sur le marché secondaire. Cette hausse des taux s’est accompagnée d’une augmentation de la volatilité qui a atteint des niveaux élevés. L’encours de la dette privée à fin octobre 2022 s’élève à 254 milliards de dirhams, en hausse de 4,1% en glissement annuel.


S’agissant des émetteurs non financiers, leur endettement net à fin juin 2022 ressort à un niveau globalement maîtrisé et en baisse à 66% des capitaux propres, contre 68% à la fin de l’année 2021 et 86% à la fin de l’année 2020.


Le secteur des OPCVM impacté par la baisse du marché boursier

La gestion d’actifs a connu des évolutions contrastées au cours de l’année 2022. Le secteur des OPCVM a ainsi été impacté par la baisse du marché boursier et par les tensions haussières sur le marché des taux. De plus, il a subi une décollecte au niveau des catégories d’OPCVM Obligations MLT, Obligations CT et Actions.


L’actif net global des OPCVM ressort à 536,5 milliards de dirhams au 9 décembre 2022, en recul de 9,5% par rapport au début de l’année.


En parallèle, l’actif net des OPCI a atteint 49 milliards de dirhams à fin octobre 2022, en augmentation de 127% depuis le début de l’année, avec une prépondérance des fonds réservés aux investisseurs qualifiés.


Une baisse de l’inflation en 2023

Selon les projections de Bank Al-Maghrib, la croissance de l’économie nationale devrait ralentir à 1,1% en 2022, avant de s’accélérer à 3% en 2023 et à 3,2% en 2024.


Quant à l’inflation et après une forte accélération en 2022 à 6,6%, elle s’atténuerait, tout en restant à un niveau élevé aux alentours de 4% en moyenne en 2023 et 2024.


Concernant la position extérieure, le déficit du compte courant devrait s’atténuer pour avoisiner 2% au cours des deux prochaines années, tandis que les avoirs officiels de réserve se situeraient à 362,9 milliards en 2023 puis à 371 milliards en 2024, soit l’équivalent de près de six mois d’importations de biens et services.


S’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire s’allégerait graduellement, passant de 5,3% du PIB en 2022 à 4,6% en 2023 et à 4% en 2024. La dette du Trésor, quant à elle, s’atténuerait à 67,7% du PIB en 2023 et à 66,1% en 2024.


Par ailleurs, le Comité a fait le point sur l’état d’avancement de la feuille de route inter-autorités de stabilité financière couvrant la période 2022-2024.  Il a également examiné le projet de circulaire conjointe des autorités de supervision du secteur financier relative aux conglomérats financiers.


source: medias24.com

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